LES CHRONIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

L’OPÉRATION BARBAROSSA

Le 23 août 1939, l’Allemagne nazi et l’URSS ont signé un traité de non agression. Cependant, le 21 juillet 1940, moins d’un an après, Hitler demande à son état-major de préparer un plan d’invasion de l’Union soviétique. Confiant, il se lance en juin 1941 dans la grande campagne de la Seconde Guerre mondiale, celle qui, au final, verra sa perte.

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Un régiment motorisé de la Wehrmacht passe la frontière russe, juin 1941

 Le pacte de 1939

Également appelé le pacte germano-soviétique ou encore le pacte Molotov-Ribbentrop du nom des deux émissaires mandatés, ce traité stipule que l’Allemagne nazie et L’URSS ne peuvent s’attaquer mutuellement, ni prendre part à une alliance qui menacerait l’un ou l’autre des pays. De plus, un protocole secret répartit des territoires entre l’Allemagne et l’Union soviétique (Scandinavie, Pays-Baltes, Pologne, Roumanie). L’Union soviétique avait pourtant tanté un rapprochement stratégique avec les Alliés français, et britanniques dès 1938.Churchill écrira d’ailleurs dans ses mémoires que les Soviétiques ne furent pas consultés face à la menace hitlérienne et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l’esprit de Staline. Les événements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n’existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé cela.

Longtemps tenue secret par le bloc soviétique, ce pacte fixait également les termes du partage de la Pologne par les nazis et les Russes. De plus, une clause particulière ne prévoyait que les services de renseignement des deux pays, la Gestapo pour l’Allemagne et le NKVD pour l’URSS, s’engageraient à se livrer mutuellement les réfugiés germaniques et soviétiques résidant dans lesdit pays.

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Chars soviétiques détruits le 25 juin 1941 en Ukraine

En conclusion, chaque partie trouva pendant deux ans son intérêt dans ce pacte. Le IIIe Reich rapatria ses divisions, notamment blindées, vers l’ouest et put ainsi mener une guerre-éclair contre la France qui se trouva envahie. L’URSS de son côté put retarder au maximum la guerre sur son territoire, et ainsi rattraper le retard technologique de son armée. Elle créa aussi une zone tampon à l’ouest pour protéger les centres politiques et économiques du pays.

Le plan d’Hitler

Contrairement à ce qu’a pu supposer Staline, Hitler souhaitait affronter le géant soviétique le plus tôt possible. Il expliqua à ses généraux qu’il visait une défaite rapide des puissances occidentales, afin de se consacrer à la campagne de Russie, considérée comme un espace  vital pour le peuple allemand, le fameux Lebensraum proné par Mein Kampf. Conscient des erreurs de Napoléon, le commandement allemand prévoit de constituer trois groupes d’armées chargés d’empêcher les Soviétiques de se replier en pratiquant  (la terre brûlée). Le groupe d’armée (GA) Nord est chargé de s’emparer de Leningrad, le (GA) Centre doit contrôler l’axe Minsk-Smolensk-Moscou et le (GA) Sud doit prendre le contrôle de Kiev. Slon les prédictions du Führer, l’URSS ne devrait pas résister plus de quelques mois à la puissante Wehrmacht et à ses alliés, surtout après les premières défaites russes en Finlande (guerre d’hiver de 1939), qui confirmèrent les faiblesses de l’Armée rouge dont les pertes humaines atteignirent 390 000 morts en seulement quatre mois.

Pour atteindre les objectifs, les autorités nazies prévoient la mort par la faim de 20 à 30 millions de Soviétiques considérés comme des Untermenschen (sous-hommes), alors même que la solution finale n’est pas encore décidée. En outre, il est prévu qu’une partie de la population soit réduite en esclavage afin d’alimenter la grande machine industrielle allemande.

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Chars allemands à la frontière entre la Pologne et l’URSS

L’agresseur allemand

Les premiers plans  établis, Hitler décide par la directive no 21 de fixer le début de l’attaque au 15 mai 1941. Elle est finalement repoussée au 22 juin en raison des manœuvres dans les Balkans. Cette opération prend le nom de Barbaroussa, en hommage à Frédéric Barbaroussa, empereur romain germanique (1122-1190), et symbole de la grandeur allemande. L’état-major allemand n’avait aucun doute sur les chances de succès de l’opération Barbarossa. L’armée d’Hitler disposait en effet de ressources humaines et matérielles considérables. À la veille des opérations, sur le front de l’Est, elle compte 157 divisions (sur les 208 divisions de l’armée de terre) dont 17 blindées et 13 motorisées. À ces effectifs peuvent être ajoutés ceux des alliés allemands, à savoir une quinzaine de divisions finlandais (entrée dans l’Axe le 26 juin 1941), 14 divisions roumaines, 2 hongroises et 2 slovaques, trois pays qui se sont alliés à l’Allemagne nazie en novembre 1940 (auxquelles s’ajouteront 3 divisions italiennes à partir du 26 juin 1941).

Dès le mois de février 1941, Hitler déplace ses troupes vers l’est. Mais pour ne pas attirer l’attention des Russes, il prend soins de les garder stationnées jusqu’au dernier moment derrière les lignes Radom-Varsovie (ligne ferroviaire reliant les deux villes polonaises et carrefour des voies de communication nord-sud et est-ouest). La guerre-éclair menée par l’armée allemande nécessite un appui aérien et un équipement moderne conséquent. Hitler mobilise pour l’opération Barbarossa plus de 3500 chars dont plus de la moitié sont des véhicules lourds, un peu plus de 7000 pièces d’artillerie. La luftwaffe aligne quant à elle 1600 bombardiers et 900 chasseurs, ce qui représente environ les deux tiers du potentiel aérien allemand, tandis que le reste des ressources est consacré à la lutte contre la Grande-Bretagne. Le 22 juin 1941, Hitler se prépare donc à ouvrir un second front alors même que la bataille de l’Angleterre n’est pas terminée.

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Avions de combat russe abattu par les Allemands en 1941

L’agressé soviétique

 Du côté de L’URSS, il est difficile de quantifier avec exactitude les effectifs et les équipements. Cependant, les historiens s’accordent à penser qu’ils diposaient d’environ 4 700 000 hommes en juin 1941. À noter qu’à la veille de l’opération Barbarossa, l’Armée rouge est en pleine réorganisation : l’âge de la conscription a été baissé et la durée du service militaire allongé, ce qui permet aux Soviétiques de disposer d’un réservoir supplémentaire de dix million d’hommes dont six millions ont déjà suivi une préparation militaire intensive. Ainsi Staline, aligne sur le front ouest 170 divisions, dont 32 blindées et plus de 20 divisions de réserve. Il ne faut pourtant pas se méprendre sur cett apparentes supériorité numérique puisqu’une division soviétique compte 8000 soldats quand à sont équivalent allemand en regroupe de 14000 à 16000, soit le double. Au niveau de l’équipement, il est admis que les Russes disposaient de 10 à 15000 chars, d’environ 1350 bombardiers, 2000 avions de chasse, et 800 avions de reconnaissance. En ce qui est de l’artillerie, L’URSS met en place plus de 37 000 canons et mortiers.

À noter cependant qu’une grande partie du parc soviétique est ancien et que les grands programmes de renouvellement devaient permettre à l’armée rouge de disposer d’un matériel modernisé pour l’année 1942. En somme, le ratio des forces était le suivant : un peu plus de 3 millions d’hommes du côté allemand, pour deux millions et demi côté soviétique, les Allemands bénéficient pour leur part d’un armement globalement à la fine pointe et de soldats expérimentés qui ont déjà fait leurs preuves lors des campagnes de France et de Pologne.

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Chars allemands avançant vers la frontière séparant la Pologne et l’URSS

La Russie dispose quant à elle d’un avantage de taille : un territoire immense, des industries de défense à l’abri du front (elles ont déjà été déplacées dans l’Oural) et d’une population de 170 millions d’habitants alors que le Reich n’en compte que 70 millions. De plus, c’est à cette période que les entreprises d’armement en Sibérie afin d’assurer un base arrière en cas d’attaque, ce qui laisse supposer que Staline n’était pas dupe quant aux intentions d’Hitler. Pourant alors qu’une des plus grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale se prépare, nombre d’historiens s’étonnent que Staline ne représent pas la menace imminente du dangereux voisin nazi, et ce malgré un réseau de renseignement organisé et performant.

 

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République démocratique allemande, timbre à l’iffigie de l’espion Richard Sorge

Dès 1936, le célèbre Richard Sorge (agent russe sous couverture allemande) fournit des informations capitales sur les relations entre le Japon et l’Allemagne nazie, et en 1941, il parvient à prévenir l’entourage du chef soviétique de la date du déclenchement de l’opération Babarossa. L’espion n’est d’ailleurs pas le seul à avoir mis en garde les autorités russes : dès 1940, les services secrets britanniques et l’Orchestre rouge (réseau de communistes allemands infiltrés dans divers milieux du IIIe Reich) ont eux aussi donné l’alerte en vain. Persuadé qu’il s’agit là de l’œuvre allemande de désintoxication, Staline n’accorde aucun crédit à cette information qui lui aurait évité l’effroyable surprise de voir les Allemands réussir leur fameuse Blitzkrieg qui infligea aux troupes de l’Armée rouge de sérieux revers, voir aux yeux du Fürhrer une défaite consommée, et cela dès la fin de la première journée des opérations.

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Troupes de l’Armée rouge faites prisonniers par les Allemands en juin 19414

Des répercutions internationales

L’opération Barbarossa eut un retentissement mondial du fait de sa rapidité, mais surtout parce qu’elle consacre la trahison de l’Allemagne nazie envers la Russie un an seulement après la signature du pacte de non-agression. Pour autant, les clauses relatives au partage de la Pologne et aux zones d’influence furent longtemps gardées secrètes par les autorités soviétiques. Ce n’est qu’en 1989 que ces accords furent officiellement rendus publics en 1992, soit 53 ans après la signature du traité.



27/12/2013
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