LES CHRONIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

GERMAINE TILLION

Grande figure de la résistance française, etnologue et écrivain, Germaine Tillion a tiré de son expérience pendant la Seconde Guerre mondiale des leçons qui lui ont servi tout au long de sa vie. Elle a su conjuger, en toute circonstances, témoignage réflexion et action.

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Germaine Tillion

Germaine Tillion est née le 30 mai 1907 à Allègre, en Haute-Loire. En 1919, la famille déménage dans la région parisienne. Au cours des années vingt, elle entreprend des études d’ethnologie et obtient en 1933, une bourse pour aller étudier la population berbère dans les Aurès algériens. Entre 1934 et 1940, elle accomplie quatre longs séjours chez les Chaouias et poursuit la rédaction de sa thèse. De retour en France, le 9 juin 1940, elle décide, après l’armistice qu’il faut faire quelque chose. En compagnie de Paul Hauet, colonel à la retraite, elle commence son activité de résistance sous le couvert d’une association d’aide aux prisonniers de guerre. L’Union nationale des combattants coloniaux. Cette cellule entre en contact avec des groupes analogues, comme celui du musée de l’Homme, réunissant quelques ethnologues, avec à sa tête Boris Vildé. C’est en 1946, quand Germaine Tillion s’occupera de l’homologation administrative du réseau, qu’elle lui donnera le nom de réseau du musée de l’Homme, en hommage à une bonne partie de ses fondateurs.

Le groupe se livre à des actions multiples : collecter des informations pour les transmettres à Londres, accueillir les soldats évadés ou organiser des évasions, héberger des parachutistes anglais, fabriquer des faux papiers, diffuser des appels au combat, liquider des traîtres et des agents de la Gestapo. Bien que patriote dévouée, Germaine Tillion n’oublie pas un principe directeur dont elle se réclame : le dévouement à la vérité et à la justice. Dans un tract destiné à la presse clandestine elle constate que de nombreuses informations concernant la situation du moment circulent dans la société française mais sont contradictoires, car elles proviennent de différentes sources. Elle enjoint à ses camarades résistants de ne pas biaiser avec la vérité, de ne rien cacher de s’efforcer de comprendre et de juger impartialement. Sur le plan des idées nous ne connaissons d’emblée qu’une cause qui nous est chère, celle de notre patrie, c’est par amour pour elle que nous nous sommes groupés, c’est pour assuer de maintenir sa fois et son espérance. Mais nous ne voulons pas, nous ne voulons absolument pas lui sacrifier la vérité, car notre patrie qui nous est chère qu’à la condition de ne pas devoir lui sacrifié la vérité.

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Le livre de Germaine Tillion sur le camp de Ravensbrück

Une première dénonciation entraîne l’arrestation de pluieurs membres de la cellule du musée de l’Homme ; en avril 1941, une seconde trahison provoque celle de  ses autres membres. Leur procès se tiendra un an plus tard, en février 1942. Dix personnes, dont plusieurs proches amis, sont condamnées à mort. Germaine Tillion, qui a échappée à ses arrestations, se démène pour obtenir leur grâce, mais en vain : les sept hommes du groupe sont fusillés, les trois femmes partent en déportation. Elle-même est arrêtée dans la rue, en août 1942, par la police allemande : elle a été trahie, à son tour, par un prêtre français qui se faisait passer pour un résistant. Détenue pendant plus d’un an dans les prisons françaises, à la Santé et à Fresnes, elle est déportée au camp de Ravensbrück en octobre 1943. Elle en sortira en avril 1945.

Après son retour en France, elle se consacrera essentiellement à l’histoire de la Résistance et de la Déportation, sur lesquelles elle publie plusieurs études. Cependant elle n’abandonne pas son engagement civique et participe à la campagne contre les camps, toujours en activité, dans les pays communistes en Europe et en Asie. En 1954, elle est envoyée par le gouvernement français en mission d’observation en Algérie, où l’on assiste aux premiers pas de l’insurrection. Au début, elle propose de renforcer l’enseignement délivré à la population indigène (garçons et filles, enfants et adultes) pour lui permettre de se sortir de la misère que le développement économique n’a pas réussi à indiger. Le conflit s’intensifiant, à partir de 1957, Germaine Tillion se consacre essentiellement à atténuer les effets de la violence : elle milite contre la torture, les exécutions et rencontre les dirigeants du FLN pour les convaincre d’interrompre les attentats aveugles.

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Photo en la mémoire de Germaine Tillion

Élue directeur d’études en 1958, elle consacre les décennies suivantes à l’étude des sociétés d’Afrique du Nord. Elle publie également une édition refondue de Ravensbrück, son livre sur la Déportation. Elle décède le 19 avril 2008 à l’âge de 100 ans. Son ouvrage autobiographique, Fragments de vie, paraît l’année suivante.


02/02/2014
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L’AFFICHE ROUGE

Reproduite dans la plupart des manuels d’histoire, l’affiche rouge est devenue l’un des symboles de la lutte clandestine contre l’occupant et Vichy. Conçue à l’origine par la propagande allemande et plancardée dans tous le pays, en février 1944, pour stigmatiser les combattants du groupe Manouchian assimilés à des terroristes étrangers, juifs et communistes. Cettte affiche, en immortalisant leur visage, les a rendu toute leur dignité. Une victoire posthume pour ces combattants de l’ombre dont l’engrenage au sein des FTP-MOI mérite d’être rappelé.

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Missak Manouchian, soldat en permission en 1940

En 1939, un peu plus de deux millions d’étrangers vivent en France. À la recherche de travail ou fuyant les persécutions politiques subies dans leurs pays, des Italiens, des Allemands, des Autrichiens, des Tchécoslovaques, des Easpagnols s’installent en métropole dans des conditions d’abord précaires. Parmi eux, nombreux sont ceux qui s’engagent, dès septembre 1939, et joueront par la suite un rôle non négligeable au sein de la France libre et de la Résistance intérieur.

Les réseaux d’entraide de l’entre-deux-guerre, qui favorisaient leur intégration, sont réactivés et permettent de recruter des groupes spécifiques de résistants étrangers. Ainsi, la section Main-d’œuvre immigrée (MOI), créée en 1924 au sein du syndicat CGT unitaire, puis reprise en 1925 par le PCF, avait originellement pour but de promouvoir les actions associatives, culturelles et sportives à destination des immigrés.

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Thomas Elek 18 ans

Organisée en section (roumaine, bulgare, arméniennes juive) elle permettait, entre autres, l’édition de publications en langue étrangère. Dissoute pendant la drôle de guerre. La MOI se reconstitue clandestinement, notamment grâce à l’action de ses dirigeants, dont Artur London, Marino Mazetti ou Adam Rayski. Implanté dans différentes régions, elle permet aux résistants étrangers ou d’origine étrangère de fédérer leurs actions, d’abord autour de l’édition de nombreux journaux clandestins en langue étrangère. La section juive de la MOI est particulièrement active et joue un rôle décisif dans la mobilisation de la communauté et le sauvetage des Juifs en France.

Les actions des FTP-MOI

En août 1941, les étrangers de la MOI, surtout à Paris, participent à la lutte armée dans laquelle s’engage le Parti communiste français (FTPF) dirigés par Charles Tillon, les différents groupes d’actions, dont ceux des FTP-MOI, mènent des opérations de guérilla. En région parisienne, les FTP-MOI se composent de quatre détachements (roumain, juif, italien, (dérailleurs), de deux équipes bulgare et espagnole, d’un service médical et de renseignement et, à partir de 1943, d’une équipe spéciale. Selon Denis Peschanski, l’expérience de la guerre d’Espagne, de la lutte clandestine sous les régimes autoritaires dans les années 1930, le drame des déportations et le poids de la répression sont des facteurs expliquant la part prépondérante tenue par les FTP-MOI dans la guerilla urbaine.

Il ne faut toutefois pas surestimer l’importance numérique de ces combattants de l’ombre aux actions de plus en plus spectaculaires. Ainsi, en août 1943, on recense 65 FTP-MOI en région parisienne. Au cours des six premiers mois de l’année 1943, les différentes unités de la MOI parisienne accomplissent 92 attentats dans la capitale : à côté des opérations menées contre les troupes allemandes d’occupation, une équipe se spécialise, de juillet, à octobre, dans les opérations de sabotages, qui conduisent à 12 déraillements sur les lignes de la gare de l’Est en direction de l’Allemagne.

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Le général Julius Ritter abattu le 28 septembre 1943

À partir de l’été 1943, c’est Misak Manouchian, en liaison avec son supérieur hiérarchique, Joseph Epstein qui prend la direction militaire. La multiplication d’attentats et de sabotages en fait une cible privilégiée des organes de répression, notamment après que le 28 septembre 1943, le général Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire (STO) en France, a été abattu.

La traque des Brigades spéciales

Les effectifs des Brigades spéciales (SB), créées en mars 1940 au sein des renseignements généraux pour lutter contre le communisme, ne cessent de croître à partir de l’été 1941. Les enquêteurs chargés de traquer les terroristes se concentrent plus particulièrement sur les combattants de la MOI et collaborent étroitement avec les forces répressives allemandes, comme les y invite l’accord conclu le 8 août 1942 entre René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, et Karl Oberg, chef supérieur de la SS et de la police allemande en France.

Les Brigades spéciales travaillent ainsi conjointement avec les Services de sécurité allemands pour démanteler les groupes liés à la MOI et dont les actions de guérilla dans la capitale entretiennent un sentiment d’insécurité au sein des troupes de la Wehrmacht. Au cours de l’année 1942, les renseignements obtenus à la suite d’arrestations, encore peu nombreuses, au sein des organisations italiennes, yougoslaves juives et roumaines, permettent le déclenchement d’une première fillature. Elle cible, dès janvier 1943, l’organisation politique de la jeunesse juive, composée de 200 membres à Paris et en banlieu parisienne.

Le 18 mars, 57 jeunes militants de la MOI sont arrêtés avant d’être torturés puis déportés (parmi eux, Henri Krasucki, qui sera secrétaire général de la CGT de 1982 è 1992). Le 22 avril 1943, une deuxième fillature a pour objectif de décapiter toute la branche juive de la MOI. Fin juin 1943, sur plus de 150 militants suivis, 71 sont arrêtés. À la mi-novembre 1943, à l’issue de près de cent jours de traque, la troisième fillature engendre une vague d’arrestations touchant les FTP-MOI parisiens : 68 militants sont arrêtés dont la moitié sont des Juifs, majoritairement étrangers. Joseph Epstein, responsable FTPF de la région parisienne, et Missak Manouchian sont interpellés le 16 novembre 1943.

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Liste des attentats FTP-MOI

L’instrumentalisation du procès

Après leur arrestation, les militants FTP-MOI sont conduits à la préfecture de police pour être intérogés par la 2e Brigade spéciale. Des photos anthropolométriques, aujourd’hui conservées dans les archives de la prefecture de police, sont prises. Les premiers jours de détention sont rythmé par la succesion d’intérrogatoires à coups de poings, de mise à l’isolement, puis de séances de torture à coups de nerf de bœuf. Acheminés ensuite au siège de la Gestapo, les résistants sont transférés par les Allemands à la prison de Fresnes dès la fin du mois de novembre 1943. La plupart des militants FTP-MOI arrêtés sont déportés à la mi-janvier 1944, à l’exception de 23 d’entre eux traduit devant une cour matiale allemande. Aucune trace du déroulement du procès ne figure dans les archives dont l’historien Ahlrich Mayer n’a pu retrouver que le verdict. Jugés dans la langue de Goethe par une cour martiale composé de trois juges militaires, d’un procureur et d’un greffier, les 23 accusés sont condamnés à mort sans possibilité de faire appel.

La presse les radios officielles et les actualités cinématrographiques profitent du procès pour relayer la campagne de propagande menée pour fustiger l’armée du crime, alors même que la présence de journalistes français et étrangers à l’audience n’est pas avérée. Entre le 18 et le 24 février 1944, la presse collaborationnistes et celle de Vichy, se contentent, pour relater le procès, de reprendre à la virgule près les notes émises par l’Officie français d’information, distillant la même prose idéologique.

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Tract recto verso, édité en même temps que la célèbre affiche rouge, réalisée par le Centre d’études antibolcheviques. Office de la propagande nazie, 1944

Elle fustige des assassins juifs et étrangers, prenant leurs ordres à Moscou. On sait aujourd’hui que le procès fut expéditif : le verdict est prononcé dès le 19 février, alors que les articles publiés le même jour évoquent l’ouverture du procès. Celui-ci est censé se clore le 24 février, soit trois jours après l’exécution des militants FTP-MOI. À la radio, Philippe Henriot se sert également du procès pour appuyer ses distribes xénophobes l’arrestation et le procès des FTP-MOI son instrumentalisés par la propagande allemande, qui entend ainsi utiliser des arguments xénophobes, antisémites et anticommunistes pour discréditer la Résistance aux yeux de l’opignon françaises. Au printemps 1943, alors que l’Axe subit plusieurs défaites et que l’hypothèse d’un débarquement allié se précise, l’occupant cherche à gagner l’adhésion de la population, de plus en plus favorable aux actions de la Résistance.

Une campagne de propagande ratée

Publiée  à plus de 15 000 exemplaires l’Affiche rouge, non signée, réalisée par le Centre d’études antibolcheviques (CEA), organe de propagande allemand, montre ainsi, sur fond rouge, le visage de certains résistants du groupe Manouchian comparés à une armée du crime et stigmatisés en raison de leur origine étrangère. La composition de cette affiche reprend le code habituellement utilisés par la propagande officielle : les avis d’exécution sur lesquels figurent les noms des condamnés et la dénonciation des ennemis de l’intérieur (juifs, étrangers, communistes). Néanmoins, les dessins et caricatures, outils traditionnels de la propagande officielle, cèdent le pas au photographies montrant les condamnés et les preuves de leurs crimes. Les symboles identifiés à la Résistance tel  le V de la Victoire et les termes de libérateurs et de libération, sont détournés.

La Résistance est décrite comme un facteur de violence et de division. Cette propagande a également été relayée par la diffusion de tracts et de de brochures spécifiques fustigeant l’armée du crime, mais aussi par de véritables brûlots antisémites, au titre révélateur tel que Je vous hais. Au printemps 1944, cette campagne ne suscite pas d’adhésion de la population soumise aux privations et aux représailles de l’occupant et de plus en plus distante face à la politique de collaboration accentuée par le régime de Vichy. L’affiche rouge est même contre-productive car elle permet d’humaniser des combattants clandestins et anonymes, en mettant en avant l’engagement des militants communistes étrangers.

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L’affiche, article de la revue Les Lettres françaises, édition clandestine de mars 1944

Elle suscite des témoignages de sympathie comme l’attestent les rapports des Renseignements généraux. La presse résistante, dès mars 1944, dénonce cette campagne de presse et fait état des réactions hostiles de la population, rendant hommage aux combattants de l’affiche rouge. Enrico Pontremoli, peintre et résistant, imprime des macarons à l’iffigie d’Hitler, à apposer sur l’affiche à la place des portraits de résistants, et sur lesquelles on peut lire Adolf Hitler 11 millions de morts, 25 millions de blessés. Enfin, le Parti communiste dans l’Humanité clandestine du 3 mars 1944, utilise pour s’auto-qualifier le terme de parti des fusillés. Cette campagne de propagande qui visait à donner une vision réductrice et déformée de l’action des FTP-MOI, a inconstablement un rôle important dans la construction mémorielle postérieur.

Ainsi les 23 FTP-MOI exécutés deviennent dans la mémoire collective les membres du groupe Manouchian. Or Missak Manouchian est le chef militaire de l’ensemble des FTP-MOI de la région parisienne et les résistants fusillés appartiennent à des détachements distincts des FTP-MOI. Sur les vingt-deux fusillés, la moitié sont identifiés comme juifs. Neuf appartiennent à l’équipe dite des dérailleurs. Quatre sont issus du deuxième détachement, dite détachement juif. Trois font partie de l’équipe spéciale; six appartiennent au 3e détachement majoritairement italien. Douze des vingt-deux fusillés ont moins de 24 ans au moment de leur exécution et l’un d’entre eux, Roger Rouxel, n’a pas encore atteint 18 ans.

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Des membres du groupe Manouchian dans la cour de la prison de Fresnes

Missak Manouchian et Arpen Tavitian, les seuls militants arménienne plus âgés (38 et 45 ans), ne sont donc pas représentatifs de la génération de jeunes militants juifs en majorité polonais qui ont choisi de s’engager dans les MOI après la déportation de leur proches. Quant à Joseph Epstein, pourtant chef des FTP de la région parisienne, il est jugé séparément et exécuté le 11 avril 1943 avec dix-huit autres résistants. Parmi les 23 membres des FTP-MOI arrêtés en région parisienne, 22 sont fusillés au Mont-Valérien, le 21 février 1944. La seule femme du groupe Olga Bancic, est transférée en Allemagne et décapitée à Stuttgart, le 10 mai 1944. Après leur exécution, les membres du groupe Manouchian sont inhumés dans le carré des fusillés au cimetière parisien d’Ivry. À la Libération, une enquête est menée, visant particulièrement les Brigades spéciales : 150 policiers sont poursuivis, 64 inspecteurs condamnés dont 22 à la peine de mort. 10 sont exécutés dont Gaston Barrachin, responsable de l’arrestation de Missak Manouchian et Joseph Epstein.

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Commémoration du premier anniversaire de l’exécution du groupe Manouchian au cimetière d’Ivry-sur-Seine, 25 février 1945

Hommage au groupe Manouchian

Depuis 1945, le souvenir du groupe Manouchian se perpétue chaque année à l’occasion de commémorations organisées par des associations d’anciens résistants au cimetière d’Irvy-sur-Seine. Néanmoins dans le contexte de la guerre froide, la résistance de ses étrangers communistes est peu mise en avant. Les poètes se chargent alors de faire passer l’Affiche à la postérité. Ainsi en 1950, dans son poème Légion, Paul Éluard rend hommage aux FTP-MOI. Ces étrangers d’ici, qui choisirent le feu, leurs portraits, sur les murs, sont vivant pour toujour. Un soleil de mémoire éclaire leur beauté.

En 1955, à l’occasion de l’inauguration d’une rue du Groupe-Manouchian dans le 20e arrondissement de Paris, un hommage national leur est également rendu et Louis Aragon compose un poème. Des travaux universitaires ont ainsi montré l’importance de l’engagement des résistants étrangers ou d’origine étrangère au sein des maquis et de la France libre pendant l’occupation et dans les combats de la Libération.


01/02/2014
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OLGA BANCIC FIGURE DE LA RÉSISTANCE

Seul femme parmi les ving-trois condamnés à mort du groupe du groupe manouchian, engagée dans les FTP-Moi, Olga Bancic fut une des premières à entrer dans la lutte armée. Arrêtée avec Marcel Rayman en novembre 1943, elle sera déportée en Allemagne pour y être exécutée, le 10 mai 1944.

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Olga Bancic

C’est au cours de sont transfer à la prison de Stuttgart, où ell sera décapitée le 10 mai 1944, qu’Olga Bancic jette par une fenêtre une dernière lettre pour sa fille, accompagnée d’une note dans une enveloppe adressée à la Croix-Rouge. Golda (dite Olga) Bancic est née le 10 mai 1912 dans une famille juive de Bessarabie, province russe annexée en 1918 par la Roumanie. Elle travaille dans une usine de matelas et participe dès 1924 à sa première manifestation. Arrêtée par la police roumaine, elle est sévèrement battue car elle est communiste et juive.

Elle poursuit néanmoins la lutte syndicale malgré les dangers encourus. Militante au sein des Jeunesses communistes de Roumanie, elle participe notamment à la création d’un front populaire contre le fascisme. Plusieurs fois arrêtée, condamnée et emprisonnée, elle est traquée et doit s’exiler en France, en 1938, où elle s’engage en faveur des Républicains espagnols.

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Olga Bancic avec sa fille Dolorès née en 1939

Mariée à Alexandre Jar et mère d’une petite fillette Dolorès, née en 1939 et elle décide de mettre celle-ci en sécurité dans une famille française afin de s’engager dans la lutte armée, elle rejoint les Francs-Tireurs et Partisans de la main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) en 1942 et participe sous le pseudonyme de (Pierrette) à des attentats. Elle est notamment chargée du transport des armes et de la fabrication d’engins explosifs.

Arsène Tchakanrian, un de ses anciens compagnons de lutte écrit : Les femmes Anna Ritchter, Olga Bancic, devaient à l’heure dite, apporter des grenades et des revolvers (nous en avions très peu). Puis il fallait les récupérer après l’action. Ce qui les exposaient terriblement, parce qu’après le boulversement d’un attentat, le quartier était tout de suite encerclé par la sécurité allemande. Les maisons fouillées et quelquefois les rames de métros arrêtées. Les hommes qui avaient tiré s’enfuyaient immédiatement à vélo, mais Olga qui avait entenu que les combattants aient fini leur travail, ne bougeait pas et elles récupéraient les armes près du métro.

Olga participa à une centaine d’attaques contre l’armée allemande, c’est-à-dire près de la moitié des combats menés par le groupe Manouchian. Nous ne savions rien d’elle, pour des raisons de sécurité. Pour elle semblait-il, seul l’idéal comptait. Le vendredi soir, elle était toujours anxieuse. J’avais compris qu’elle avait un enfant quelque part, qu’elle allait voire le samedi.

Arrêtée le 16 novembre 1943, Olga Bancic est atrocement torturée. Seule femme parmi les vingt-trois résistants condamnés à mort le 19 février 1944, elle est envoyée en Allemagne pour y être exécutée le jour de son trente-deuxième anniversaire, La mémoire de cette figure de la résistance féminine étrangère a été honorée à plusieurs reprises, notamment en 1995, avec l’apposition d’une plaque en son nom sur un des murs du carré des fusilliés au cimetière D’Ivry, à la demande de l’Union des résistants et déportés Juifs de France.

En 1999, le Conseil supérieur de la mémoire a également souhaité qu’elle figure auprès de quatre autres résistants, Jean Moulin, Jean Éboué, Pierre Brossolette, et l’amiral Le Trolley de Prévaux au cours d’une cérémonie ortganisée à l’École militaire à Paris.

Voici la lettre quelle expédia à la Croix-Rouge :

Cher madame

Je vous prie de bien vouloir remettre cette lettre à ma fille Dolorès après la guerre. C’est là le dernier désir d’une mère qui va vivre encore 12 heures. Merci.

Ma chère petite fille, mon cher petit amour, ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite, demain à 6 heures, le 10 mai, je ne serais plus. Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère, Tu n’auras plus à souffrir. Soit fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi, je vais croire que tu verras ton père, J’ai l’espérence que lui aura un autre sort. Dit-lui que j'ai toujours pensé à lui comme à toi. je vous aiment de tout mon coeur. Tous les deux vous m'ête cher. Ma cher enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t'aime beaucoup. Tu ne sentiras pas le manque de ta mère. Mon cher enfant, je fini ma lettre avec l'espérence que tu sera heureuse pour toute la vie avec ton père, avec tout le monde. Je vous embrasse de tout mon coeur, beaucoup, beaucoup. Adieu mon amour.

Ta mère.

 


31/01/2014
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AUDETTE SANSOM

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Odette Sansom (1912 - 1995) fut un agent franco-britannique du Special Operations Executive, pendant la Seconde Guerre mondiale. Sous le nom de guerre  Lise, elle fut courrier du réseau SPINDLE dirigé par Peter Churchill actif dans le midi de la France. Arrêtée par les Allemands et déportée à Ravensbrück, elle survécut.

Entrée en Résistance 1942.

Printemps. Quand le War Office demande aux Londoniens d’origine française de fournir des photographies de leurs villes, Odette envoie ses photos de famille qui contiennent de nombreux renseignements utiles sur la côte de la Manche. Dans la lettre qui accompagne les photos, elle explique qu'elle a vécu près de quatre ans à Boulogne et qu'elle connaît très bien cette partie de la côte française. Cela attire l'attention du War Office. Elle est reçue par le major Guthrie, à qui elle explique qu'elle recherche un emploi à temps partiel !

Juillet. Puis, sur une invitation reçue fin juin, elle à un entretien le 10 avec Selwyn Jepson à l'hôtel Victoria, chambre 238, Whitehall. Il lui propose de travailler pour la section F, en étant recrutée par le FANY. Elle trouve dans l'Essex un pensionnat religieux qui pourra prendre en charge ses filles. Et une semaine après l'entrevue, elle téléphone à Jepson pour lui communiquer son acceptation. Il lui demande de se rendre à Orchard Court pour y rencontrer Maurice Buckmaster, ce qu'elle fait. Elle y apprend en quoi consistera sa mission.

Août. Elle suit l'entraînement.

Mission en France

Définition de la mission : il lui est demandé d'organiser un réseau dans la région d'Auxerre. Son nom de guerre est Lise.

Octobre. Elle est expédiée par un transport de troupes par bateau, de Gourock à Gibraltar.

Novembre. Partie de Gibraltar, la felouque Seadog la dépose début novembre à Port-Miou, près de Cassis (Bouches-du-Rhône). Elle établit le contact avec le chef de réseau SPINDLE, Peter Churchill, qui obtient du SOE que sa mission soit changée et qu'elle lui soit affectée en tant que courrier.

1943.

À l'occasion d'un retour de Peter Churchill en Angleterre, elle reste seule en France. Elle rencontre Hugo Bleicher, qui se présente comme un agent de l'Abwehr (ce qu'il est) et qui prétend souhaiter se rendre en Angleterre pour y servir les Alliés.

Aux mains de l'ennemi

Avril. Le 16, le réseau ayant été trahi par un agent double, Odette et Peter Churchill sont arrêtés à Saint-Jorioz, près du lac d'Annecy et emprisonnés. Elle est torturée par la Gestapo à la prison de Fresnes, près de Paris. Elle prétend alors qu'elle est la femme de Peter Churchill et que celui-ci est le neveu du premier ministre (ce qui n'est pas le cas). Avec ce mensonge, elle espère ainsi pour eux un traitement moins rigoureux. Cela se révèle judicieux, car les Allemands les laissent en vie, probablement avec l'idée de les utiliser un jour comme monnaie d'échange politique avec le Royaume-Uni.

1944.

Odette est condamnée à mort par un tribunal réuni avenue Foch, sans avocat et sans défense.

Mai. Le matin du 12, Odette Sansom, en même temps que six (ou sept) autres agents féminins du SOE, Andrée Borrel, Yolande Beekman, Vera Leigh, Éliane Plewman, Diana Rowden, Madeleine Damerment (et Sonia Olschanesky ?), est extraite de la prison de Fresnes. Elles ne se connaissent pas les unes les autres, n'ayant jamais eu à se côtoyer, ni à l'entraînement, ni sur le terrain, ni en prison. Elles sont envoyées au quartier général du SD, avenue Foch, où elles sont enfermées quelques heures, puis emmenées en camion, attachées deux par deux, à la gare de l'Est, mises dans le train et déportées en Allemagne. Le 13, le trajet s'arrête à Karlsruhe. Des sept (ou huit ?) femmes, seule Odette Sansom reviendra et pourra faire le récit de ce voyage.

Juillet. Elle est transférée au camp de concentration de Ravensbrück, où elle arrive le 18.

1945.

Le 28 avril (jour de son 33e anniversaire), le commandant du camp, le Sturmbannführer Fritz Sühren, la fait sortir du camp dans un fourgon cellulaire qui l'emmène au camp de Neustadt. Le 1er mai, nouveau transfert dans un autre camp. Le 3 mai, Sühren l'emmène en voiture, la remet aux Américains (en la leur présentant comme parente de Winston Churchill) et se rend.

1995.

Elle meurt le 13 mars à Walton-on-Thames.

Reconnaissance

Royaume-Uni : MBE, 1945 ; George Cross, 16 août 1946 (elle est la première de 3 femmes à la recevoir).

France : Chevalier de la Légion d'honneur.

 

 


26/01/2014
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RENÉ CHAR

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René Char est un poète et résistant français né le . Pendant l’Occupation, René Char, sous le nom de Capitaine Alexandre, participe, les armes à la main, à la Résistance, école de douleur et d’espérance. Il commande le Service action parachutage de la zone Durance. Son QG est installé à Céreste (Basses-Alpes). Les Feuillets d’Hypnos (repris en volume dans Fureur et mystère), ses notes du maquis, sont calculés pour restituer l'image d'une certaine activité, d'une certaine conception de la Résistance et, d'abord, d'un certain individu avec sa multiplicité interne, ses alternances et aussi sa différence, qu'il est moins disposé que jamais à oublier. L'apparence fragmentaire du récit montre l'allergie de René à toute rhétorique, à ces transitions, introductions et explications qui sont le tissu intercalaire de tout corps de récit normalement constitué ; ne subsistent, séparées, que les parties vives, ce qui donne aux Feuillets un faux air de recueil d'aphorismes ou de journal intime, alors que la composition d'ensemble et même les annotations sont très calculées L'ensemble demeure une des images les moins convenues et les plus approfondies de ce que fut la résistance européenne au nazisme. (Paul Veyne, René Char en ses poèmes)

À ce recueil capital, il convient d'adjoindre les Billets à Francis Curel, datés des années 1941 à 1948 et recueillis dans Recherche de la base et du sommet. Compléments indispensables à la lecture des Feuillets d'Hypnos, ces documents éclairent de l'intérieur cette expérience fondatrice que fut pour Char celle de la Résistance : refus de publier durant l'Occupation, dénonciation du nazisme et de la collaboration française, interrogations aiguës et douloureuses sur son action et ses missions, prise de distance sitôt la guerre terminée.

Enfin, c'est en octobre 1945, à Paris, que René Char et Yves Battistini se rencontrent. Entre eux, c’est le début en amitié d’une longue conversation souveraine avec la philosophie grecque et la poésie. En octobre 1987, il épouse Marie-Claude de Saint-Seine, une éditrice. Il meurt le


26/01/2014
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