LES CHRONIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

DE LA CONFÉRENCE DE MUNICH À LA SECONDE GUERREMONDIALE

Face à la volonté expansionniste d’Hitler, les Français et les Britanniques choisirent d’abord de négocier avec lui pour tenter de limiter ses revendications et éviter la guerre. Paris et Londres partagèrent encore bien des illusions après les accords de Munich en septembre 1938. Quand les Allemand envahirent la Tchécoslovaquie à la mi-mars 1939, la France et la Grande-Bretagne tentèrent de constituer un rampart dissuasif conte le Reich et entreprirent des négociations avec Staline pour s’assurer de son alliance ou au moins de sa neutralité bienveillance en cas de conflit. Mais la signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939 sonna le glas des derniers espoirs de paix. Le 1er septembre 1939, Hitler attaque la Pologne.

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L’Anchluss entrée des nazis à Innsbruck, en mars 1938

Jusqu’en 1936, Hitler s’était contenté de détruire celles des clauses du traité de Versailles qui limitaient la puissance militaire et la liberté d’action de l’Allemagne. À partir de 1937, il aborda la seconde phase de son programme, celle qui devait lui permettre d’aquérir à l’Est de l’Europe, et pour finir en Ukraine et en Russie, l’espace vital, cœur de son idéologie et de son programme géopolitique, programme qui devait donner à l’Allemagne les moyens de dominer l’Europe, et qui fut la principale cause de la Seconde Guerre mondiale. Dès le 4 novembre 1937, il exposa ses projets à ses principaux conseillers le Reich annexerait l’Autriche et la Tchécoslovaquie, sans que la France et l’Angleterre n’osent s’interposer. Puis ont établirait l’espace vital à l’Est. À partir de là les événements s’enchaînèrent; en mars 1938 ce fut l’Anschluss; en septembre 1938, à la suite de la crise des Sudètes population de langue allemande de Tchécoslovaquie dont Hitler exigea le rattachement au Reich et de la conférence de Munich, ce fut le démentèlement de la Tchécoslovaquie, qui parachevé en mars 1939 quand Hitler occupa Prague.

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Une de Paris-Soir sur les accords de Munich le 1er octobre 1938

L’étape suivante serait évidemment la Pologne. Face au dynamisme hitlérien, à sa logique politico-psychologique efficace et à sa propagande, les Français et les Britanniques essayèrent d’abord de maintenir la sécurité collective et le concert européen, comme on les avait pratiquées depuis les accords de Locarno en 1925. C’est-à-dire qu’ils négocièrent avec Hitler, pour tenter d’encadrer ses revendications, de limiter les concessions, sans rompre le dialogue et afin d’éviter la guerre. Fin septembre 1938, la conférence de Munich s’inscrivit pleinement pour les Franco-Britanniques dans le contexte de la sécurité collective. Cette conférence fut bien sûr une caricature, une perversion du concert européen, mais à l’époque elle paraissait pour les esprits du temps prologer la sécurité collective.

Il y avait pourtant une différence entre Londres et Paris : Londres pensait que la politique hitlérienne de revision resterait limitée et acceptable; Paris comprenait mieux les objectifs expansionnistes de Berlin percevait, sinon les méthodes très dynamiques de guerre politique total d’Hitler, au moins la volonté de contrôle de tout l’Europe centrale et orientale et le danger qui en résulterait pour le reste de l’Europe. Mais Paris n’en tira pas toutes les conséquences, à cause du mythe de la sécurité collective, renforcé par le souvenir horrifié des tueries de 1914-1918.

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La  Conférence de Muniche Hitler (à gauche), Mussolini (de dos au centre), Daladier (à l’extrême droite)

L’illusion d’un concert européen restauré

Paris et Londres partagèrent encore bien des illusions après Munich. Avant de quitter l’Allemagne, le 1er octobre, le Premier ministre britannique Chamberlain signa avec Hitler une déclaration selon laquelle les deux pays se concerteraient à l’avenir. Peace in out time!, devait proclamer le Premier ministre britannique. Les Français signèrent une déclaration équivalente le 6 décembre, à l’occasion d’une visite de Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères d’Allemagne. Les deux pays affirmèrent le respect de leur frontière mutuelle et s’engageaient à se consulter en cas de crise. Les Allemands prétendirent par la suite, à tort semble-t-il, que le ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, aurait à cette occasion laissé les mains libres au Reich à l’Est.

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Le Premier ministre Chamberlain lors de son discours à l’aéroport de Londres avec le traité dans les mains, le 30 septembre 1938

Il reste que cette déclaration produisit une très mauvaise impression, si peu de temps après la Nuit de Cristal, le pogrome antisémite du 8 novembre en Allemagne. Et il est incontestable qu'à Paris comme à Londres une majorité de responsables pensaient encore qu’il serait possible de négocier avec Berlin, dans le prolongement de la conférence de Munich, des arrangements sur des questions pendantes régilièrement soulevées par l’Allemagne : Sa réinsertion dans le commerce international, le problème des anciennes colonnies allemandes perdues au traité de Verailles, et même les questions de Dantzig et du corridor polonais, clairement posées par Berlin dès la fin octobre 1938. On était toujours dans l’esprit de la politique menée face à Hitler depuis 1933 : obtenir que le Reich sorte de son isolement imprévisible et rejoigne le concert européen, comme l’écrivit Georges Bonnet dans ses mémoires.

Cependant les responsables français étaient plus divisés que les Britanniques sur la possibilité de restaurer réellement le concert européen avec Hitler. Tout en étant prêt à poursuivre la politique de Munich, le Président du Conseil Édouard Daladier était plus concient que Bonnet de l’échec que représentait pour la France cette conférence. Son gouvernement décida, en novembre 1938, un programme de relance de l’économie et de redressement de la production d’armements; il obtint des succès certains en 1939, le poucentage du PNB consacré aux dépenses militaires fut plus important en France qu’en Allemagne mais trop tardifs. Le gouvernement et les partis politiques restaient néanmoins divisés; tout le monde était conscient du danger hitlérien, mais on distingue trois tendances divergentes sur la manière de lui résister. La première considérait la situation était grave mais qu’Hitler bluffait et que l’on pourrait le dissuader avec un réseau d’alliances et un discourt ferme, sans risquer une guerre pour laquelle la France n’était pas prête.

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Annexion des Sudètes, Hitler arrivant à Karlsbad en Tchécoslovaquie le 5 octobre 1938

La deuxième ligne estimait au contraire qu’Hitler ne bluffait pas, que la France isolée, il n’existait pas d’alliance formelle avec la Grande-Bretagne! Peu armée, devait éviter la guerre en faisant au Reich des concessions aussi limitée que possible. La troisième tendance était plus complexe: Elle estimait que la dissuasion mais aussi éventuellement des concessions étaient nécessaires, mais que la guerre était probablement inévitable et qu’il fallait donc la préparer au cas où le reste échouerait. Ce fut par moments la position de Daladier, et en particulier celle des chefs militaires.

Pourant, de plus en plus nombreux étaient ceux qui plaidaient pour une stratégie fort différente, celle du repli impérial. En effet pour pleinement comprendre l’atmosphère qui se développe en France à partir de Munich, et qui sur certains points annonce Vichy, il faut tenir compte de l’importante croissance du thème de l’Empire français. À partir de 1933, l’idée impérial fut présentée dans le contexte de la sécurité face au Reich l’Empire constitue un bloc de 100 millions d’habitants qui assurera la sécurité de l’indépendance politique du pays. Après Munich, l’Empire devint désormais un atout essentiel.

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Marche des troupes allemandes sur la place Venceslas à Prague, pour le jour de la Wehrmacht le 19 mars 1939

L’entrée en guerre et ses ambiguités

Après d’ultimes tentatives de la part de Mussolini et de Bonnet pour trouver une solution négociée, la Grande-Bretagne et la France déclaraient la guerre au Reich. L’opinion britannique et le Parlement imposèrent à Chamberlain la fermeté. L’opinion française était déterminée : En juillet 1939, 76% des participants à un sondage estimaient nécessaire de résister à Berlin pour Dantzig 57% avaient approuvé Munich en septembre 1938. Dès le 23 août, le gouvernement avait décidé que malgré le pacte germano-soviétique, on soutiendrait la Pologne. Néanmoins, fort peu imaginaient ce qu’allait être la guerre, Au pire des cas, la stratégie d’attente et le blocus du Reich permettraient vers 1942 ou 1943 une victoire mois coûteuse que celle de 1918. Dans le meilleur des cas, les difficultés économiques du Reich et la faiblesse supposée du régime aboutiraient à une issue favorable bien plus rapide.

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L’arpentage des nouvelles frontières entre l’Allemagne et la République Tchèque le 28 novembre 1938

Les enjeux idéologiques de la guerre le totalitarisme nazi n’étaient perçus que vaguement et ses enjeux humains en particulier la recomposition raciale de l’Europe prévue par Hitler, y compris l’expultion des Juifs n’étaient que très rarement entrevus. Enfin, fort peu comprenaient que l’Europe allait perdre par suite de la guerre son leadership mondial.

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Molotov, ministre des Affaires étrangères, signant le pacte germano-soviétique de non agression. Derrière lui, Ribbentrop et Staline

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Officiers russes et  allemands établissant le partage de la Pologne sur une carte, Brest- Litovsk en 1939

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Les troupes allemandes en Pologne le 4 septembre 1939

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Usine de char Samoa en France en mars 1940



13/12/2013
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