LES CHRONIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

LA MONTÉE EN PUISSANCE DE L’IMPÉRIALISME NIPPON

Le 7 décembre 1941, le Japon bombarde la flotte américaine à Pearl Harbor. Cette attaque surprise s’inscrit dans le cadre d’une expension politique menée tout au long des années trente, qui voit la construction d’un véritable empire nippon.

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Exécition de francs-tireurs après la prise de Nankin en 1938

Le terme de guerre de quinze ans est utilisé au Japon pour décrire le conflit dans lequel s’est engagé le pays à partir de l’invasion de la Manchourie, en 1931, jusqu’à sa défaite en 1945. De fait, les opérations japonaises ont débuté sur terre bien avant que débute le conflit européen ou la guerre du Pacifique. Les origines de l’expensionisme nippon des années trente sont anciennes. En 1895, après une première victoire rapide contre la Chine, le Japon obtient l’île de Formose (Taïwan) et les Pescadores. En 1905, il sort victorieux du conflit militaire avec la Russie, qui lui cède la Corée. Cette dernière est finalement annexée en 1910. L’ère Taisho (1912-1925) poursuit cette tendance avec l’obtention de la province chinoise de Shandong par le traité de Versailles, en juin 1919.

Toutefois, les puissances occidentales, et particulièrement les États-Unis, s’inquiètent de la montée de l’impérialisme nippon. En 1922, la conférence de Washington, qui vise à limiter les armements maritimes dans une perspective pacifiste, entend lui donner un coup d’arrêt : le Shandong est rendu à la Chine. La première période de l’ère Showa, entre 1926 et 1945, intensifie malgré tout cette politique. L’expansionnisme japonais se fonde d’abord sur une idéologie politique cohérente. À partir des années trente, la doctrine dite Hakko ichi’u est réactualisée. Elle promeut la domination de l’Asie orientale par le Japon, et sera officiellement adoptée par le gouvernement en 1940. La supériorité de la race nipponne est affirmée tandis qu’un nationalisme exacerbé et un culte accentué de l’empereur se forgent progressivement. La mainmise des militaires sur la vie politique est consommée en 1932 par l’assassinat du Premier ministre Tsuyoshi Inukai. Cette politique agressive atteint son point culminant durant la guerre sainte (Seisen) contre la Chine, de 1937 à 1945, puis contre l’occident.

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Soldats japonais en position dans les ruines à Chapei, Shanghaï en 1937

En effet dès 1931, la Manchourie est devenue un objectif de conquête pour l’armée impériale japonaise. Les divisions internes de la Chine (entre communistes et nationalistes, entre région et gouvernement central) et sa politique pacifiste facilitent les ambitions nippones. Après l’attentat du 18 septembre 1931 contre une voie ferrée appartenant à une société japonaise (planifié par des officiers japonais), plus connu sous l’appellation de l’incident de Mukden, le Japon envahi toute la Manchourie. Rapidement conquise, cette région devient le Manchoukouo et ce protectora japonais est confié à l’empereur de Chine déchu, Pu-Yi. Première d’une longue série qui conduit à la guerre, La crise de la Manchourie révèle également l’incapacité de la Société des Nations. Fondée sur l’utilisation de la force armée la politique impérialiste menée par les Japonais viole le droit international mais ne provoquera pas de réaction des puissances occidentales avant 1940.

En janvier 1932, des moines bouddhistes japonais sont malmenés à Shanghai. Cet incident devient un nouveau prétexte pour une opération militaire : la bataille de Shanghai. Après avoir positionné des navires de guerre et des avions autour de la ville, l’aviation japonaise bombarde la cité dans la nuit du 28 janvier tandis que des fantassins s’attaquent à diverses cibles. Les combats s’intensifient jusqu’au début du mois de mars, À l’issue des affrontements et après la signature d’un cessez-le-feu le 5 mai, la ville devient une zone démilitarisée selon un accord très favorable à la Chine. En 1933, un traité de paix instaure une seconde zone démilitarisée de Tianjin à Pékin.

Puis en 1935, la province chinoise du Hebei proclame son autonomie et se rapproche du Japon, qui place finalement la région sous tutelle. L’invasion de la Chine continentale est autorisée par l’empereur Hiro-Hito au mois de juillet 1937. Après l’annextion déguisée de la Manchourie, les Japonais provoquent à nouveau un incident pour justifier une agression contre le gouvernement chinois. La ville de Pékin est occupée après qu’une garnison ait pris à partie des soldats nippons. Des opérations militaires s’étendent bientôt sur tout le pay et les Japonais prennent successivement Shangai, Nankin où ils se livrent à un terrible massacre, puis Wuhan au printemps 1939.

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Occupation de la Manchourie par les troupes japonaise  en 1932

Après les succès japonais, l’armée chinoise nationaliste de Chang-Kaï-check réorganise sa défense, et parvient à établir une résistance solide malgré les méthodes de guerre extrêmement violentes des Japonais. En 1940, les gouvernements collaborationnistes, constitués à Pékin et à Nankin fusionnent pour former le gouvernement fantoche de la République de Chine.

Après le déclenchement de la guerre contre la Chine, l’expantionnisme japonais se renforce encore. Dès 1937, l’opération Lys d’or entend rassembler les richesses pillées dans les territoires conquis. Officialisée en 1940, la Spère de coprospérité de la grande Asie orientale doit assurer l’autosuffisance des pays asiatiques et permettre la fin des échanges avec les Occidentaux. Son but premier est en fait l’expansion coloniale de l’Empire japonais qui regroupe ainsi tous les territoires contrôlés par son armée au fur et à mesure de ses conquêtes. L’Agence de développement de l’Asie Orientale est créée : elle promeut l’exploitation des territoires conquis où vont se développer les travaux forcés et se banaliser les pillages. Derrière des thèmes anti-occidentaux comme l’Asie aux Asiatiques, cette institution vise principalement à accroître l’expansion japonaise, en ogmentant ses moyens économiques et militaires. Ce sont désormais les possessions coloniales des Européens entrés en guerre qui sont visées. Enfin de prendre à revers les forces nationalistes chinoises toujours actives, le Japon souhaite maintenir ses troupes en Indochine française. Les Japonais profitent de l’offensive allemande au printemps 1940 pour envahir le nord de l’Indochine. Si le gouvernement de Vichy cède d’abord l’accès aux bases militaires du Tonkin en septembre 1940, les pourparlers sont brutalement interrompus par l’occupation de Lang Son et de Dong Dang. Durant le bombardement de Haiphong, ce sont 800 militaires français qui vont trouver la mort.

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Fouille dans les décombres après le bombardement de la ligne Canton-Hankou

De plus les affrontements entre la France et la Thaïlande constituent un contexte favorable aux ambitions nippones. Le Japon se pose comme arbitre et se range du côté de la Thaïlande qui devient alors l’alliée militaire de l’empire japonais. En juillet 1941, Vichy cède finalement au Japon le droit d’occuper toute l’Indochine qui entre dans la sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. Concernant l’opinion internationale, les États-Unis, qui persistent encore à rester à l’écart du conflit généralisé en Europe décident de durcir leurs positions face à cette expansionnisme japonais marqué par une impitoyable brutalité. Au mois de mai 1941, le président américain Roosevelt accorde officiellement son soutien à la Chine en guerre par l’octroi d’un prê-bail. Cette aide matérielle et économique, dont bénéficie déjà l’Angleterre, permet aux États-Unis d’apporter leur soutien aux pays amis sans s’engager de façon directe et active dans le conflit. De plus Roosevelt impose, conjointement avec le Royaume-Uni, un embargo pétrolier aux Japonais. Cette pression américaine ne parvient cependant pas à faire céder le Japon qui refuse obstinément de se retirer d’Indochine. Depuis septembre 1940, l’empereur nippon est l’allié de l’Allemagne et de l’Italie avec lesquels il forme l'Axe Rome-Berlin-Tokyo. Les tensions avec les États-Unis s’aggravant progressivement, la guerre contre les Alliés, de virtuelle, va devenir réelle. Une agression contre les États-Unis paraît nécessaire aux militarismes japonais pour poursuivre la conquête chinoise qui demeure son but principal. Subissant l’ambargo pétrolier, Hiro-Hito autorise finalement l’offensive contre les Américains. Le 7 décembre 1941, l’aviation nippone attaque la flotte américaine à Pearl Harbor, impliquant les  Étas-Unis dans le conflit mondial. Seule la défaite militaire du pays, en 1945, mettra un terme à l’expansionnisme japonais.



31/12/2013
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