LA LIBÉRATION DE LA CORSE
La première région de France libérée en octobre 1943, et libérée par elle-même selon la célèbre formule de De Gaulle, la Corse a vécu une situation originale : l’union de la résistance et d’une partie par l’armée italienne contre l’occupant.
Des goumiers du 2e GTM passant devant l’hôtel de ville de Bastia siège de l’état-major français, 4 octobre 1943
L’année 1943 constitue un tournant décisif dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. Pour la Corse, deux évènements sont déterminants : le débarquement des Alliés en Sicile, en juillet qui entraîne la déchéance de Mussolini; celui de Calabre du 3 septembre qui pousse le maréchal Badoglio à la reddition. C’est le moment que les résistants corses choisissent pour passer à l’action et diffuser un ordre d’insurection. Pour comprendre la situation de l’ïle, il faut avoir à l’esprit que, depuis novembre 1942, l’occupation de la Corse est essentiellement le fait de l’Italie. La résistance s’est donc organisée contre les forces de la VIIe armée, dirigée par le général Magli.
Après l’annonce de la capitulation italienne au soir du 8 septembre, l’insurrection peut paraître sans objet. Il n’en est rien pour deux raisons : la présence des troupes allemandes et de combattants fascistes les Chemises Noires, et le désir des résistants de renverser les autorités locales vichynoises. Depuis juin 1943, les Allemands ont installé en Corse une brigade SS, portant le nombre des occupants à 100 000 hommes. Le 8 septembre la 90e Panzer, stationnée en Sardaigne, passe en Corse mais le général Magli reçoit de son gouvernement l’ordre de considérer les Allemands comme des ennemis.
Tirailleurs marocains et goumiers en Corse
Une aubaine pour la résistance insulaire qui, si elle a reçu d’Alger des armes, notamment grâce à des parachutages ou à des sous-marins comme le Casabianca, elle n’a pas les moyens d’affronter les troupes allemandes. Aussi, a-t-elle conclu une alliance avec les éléments antifascistes de la VIe armée. Ce sont 20% des effectifs italiens qui s’allient à la Résistance. Celle-ci, depuis la mort de son chef, le gaulliste Fred Scamaroni, s’est regroupée au tour du front national que les communistes ont créé.
Toutefois, dans le comité qui conduit l’insurrection. Il n’y a pas que des communistes : le commandant Paulin Colonna d’Istria est le chef de la mission giraudiste et Henri Maillot est gaulliste. Venu d’Alger pour soutenir la résistance insulaire, le sous-marin Casabianca arrive le premier, le 13 septembre sur les quais d’Ajaccio avec 109 hommes du bataillon de choc entassés à son bord. Deux contre-torpilleurs le Fantasque et le terrible, ramenés des côtes italiennes le suivent. Ils transportent le préfet Luizet, nommé par De Gaulle, le gouverneur militaire Mollard mais aussi des armes, des vivres et des équipements.
Membres de la résistance Corse
Il faut sécuriser la tête de pont d’Ajaccio pendant que le débarquement toujours sur des navires français, les forces de la 1re armée placée sous l’autorité du général Henri Martin : fantassins du 1er régiment des tirailleurs marocains avec le colonel de Butler, tirailleurss marocains du 2e GTM avec le lieutenant-colonel de Latour, spahis marocains. Pendant toute la campagne, les goumiers jouent un rôle de premier plan. Les Allemands harcelés par les chocs du commandant Gambiez que guident les résistants corses, font route de Bonifacio à Bastia pour y être embarqués vers le front italien.
Des combats décisifs ont lieu pour la libération de Bastia, occupée depuis le 12 septembre par les Allemands. L’exploit le plus remarquable de la résistance corse sera la bataille de Levie, dans le sud de l’île, affrontement qui a duré du 15 au 17 septembre et a empêché les blindés allemands d’atteindre Ajaccio, première ville libérée d’une région où le Comité départemental du front national élimine les représentants de Vichy, contôlant sous-préfectures et mairies. En outre, Ajaccio accueille les secours d’Alger réunit par le général Giraud à l’issu du Comité français de Libération nationale (CFLN) et de De Gaulle qui n’a été informé que sur le tard du lancement de l’opération Vésuve.
Terrain avant la bataille de l'insurrection corse de 1943
Il ne l’a pas entravée, n’a pas approuvé ni son organisation ni le secret d’ont Giraud l’avait entourée, ni les moyens consentis aux communistes de Corse. Enfin, une grande bataille se déroule le 2 octobre dans le Cap corse au col de Teghime. Goumiers et chocs ont l’honneur d’entrer les premiers à l’aube du 4 octobre dans Bastia dévastée par les combats d’artillerie et les bombardements alliés. Pendant l’évacuation, les Allemands ont perdu des chars, des navires, des avions et au moins 1000 hommes. La Libération de la Corse a été un signal d’espoir pour la Résistance française et elle a donné un avantage stratégique aux Alliés, d’abord pendant la campagne d’Italie, ensuite pendant le débarquement en Provence.
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